Poids lourds : les chauffeurs handicapés se mettent en route

Capture d’écran 2021-01-18 à 11.05.01.pngLe métier de chauffeur poids lourds peut être accessible aux personnes en situation de handicap. Même lorsqu’elles sont amputées ou paraplégiques. L’Agefiph et les professionnels du secteur ont mis en place une prestation qui permet d’évaluer leur aptitude à la conduite.

La carrière de chauffeur de Yoann Rose s’est arrêtée avant même d’avoir démarré. En 2019, ce cuisiner, amputé d’un avant-bras suite à un accident de moto, décide de se reconvertir. Dans la conduite de poids lourds.

Sa formation, dans les Alpes-Maritimes, se déroule au mieux. « J’arrivais à conduire un camion à boîte de vitesses automatique en toute sécurité, à en croire mes formateurs », se souvient le quasi-quadragénaire.

« Incompatible » avec la conduite

Mais tout s’écroule une semaine avant l’examen. La préfecture refuse de valider sa candidature. Elle invoque l’arrêté du 21 décembre 2005. Ce texte fixe la très longue liste des « affections médicales » susceptibles d’influer sur la capacité à piloter une voiture. Pour le groupe poids lourds, il indique que l’amputation de la main, de l’avant-bras ou du bras est « incompatible » avec la conduite.

« C’est totalement injuste, estime Yoann Rose. Je n’ai pas été jugé sur mes compétences mais sur la base d’un texte arbitraire. »

L’Agefiph à la manœuvre

« Pour certaines personnes en situation de handicap, comme les amputés d’un bras, l’arrêté de décembre 2005 peut constituer un véritable frein réglementaire » confirme Laurent Pottier. Ce chargé de mission à l’Agefiph parle d’expérience. Depuis une quinzaine d’années, il travaille au développement de l’emploi des personnes handicapées dans le transport.

Avec les professionnels du secteur, il a donc mis en place, en 2012, une procédure permettant de valider leur aptitude à la conduite : la prestation d’évaluation des capacités fonctionnelles (PECF). Et donc, d’obtenir, malgré l’arrêté, le feu vert du médecin agréé par la préfecture, qui doit rendre un avis d’aptitude. Mais aussi celui de l’inspecteur du permis de conduire et de la sécurité routière, chargé de déterminer si les aménagements envisagés sont conformes et adaptés au handicap.

Une demi-journée de tests

Durant la PECF, sur une demi-journée, le candidat enchaîne les tests sur un simulateur de conduite et un plateau Capture d’écran 2021-01-18 à 11.12.15.pngtechnique (accès à la cabine d’un camion, pilotage d’un chariot élévateur…). Sous le regard d’un formateur et d’un ergothérapeute. Une consultation menée par un médecin spécialiste de la réadaptation complète le parcours.

Des préconisations essentielles

« Ensuite, pour rendre son avis d’aptitude, le médecin agréé par la préfecture s’appuiera bien sûr sur le compte-rendu établi à l’issue de la PECF », précise Laurent Pottier.

Et avant l’entrée en formation, le candidat prendra rendez-vous avec l’inspecteur du permis de conduire pour un entretien-conseil et l’attestation de codification des aménagements. Toujours sur la base des préconisations de cette équipe pluridisciplinaire validées par le médecin agréé par la préfecture.

Une vingtaine de conducteurs à une seule main

Depuis 2012, plus de 220 personnes, tous handicaps confondus, ont bénéficié de cette prestation. Avec l’objectif de devenir conducteur de camion ou d’autocar.

« Une vingtaine de mono-manuels ont passé leur permis poids lourds », précise Laurent Pottier. Ou obtenu sa régularisation s’il l’avaient obtenu avant leur amputation.

Trois nouveaux centres en 2021

La PECF va bientôt devenir plus facile d’accès. Jusqu’alors, tous les candidats devaient se rendre à Rennes, dans les locaux d’Aftral, le premier organisme de formation en transport et logistique en France.

En avril 2021, trois autres centres Aftral la proposeront : Lyon, Monchy-Saint-Éloi (Oise) et Toulouse. Et les personnes sourdes pourront en bénéficier dès que la législation le permettra.

 

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